Des moutons pour entretenir la pelouse du parc solaire du centre Wallonia One de LCL
De paisibles bêtes laineuses pour remplacer de bruyantes tondeuses
Sheep Solution aide les entreprises désireuses de travailler de manière plus durable en proposant une alternative écologique pour l’entretien de leurs espaces verts. Cette approche qui favorise en plus la biodiversité a vite trouvé un écho chez LCL. C’est surtout le parc de panneaux solaires à Gembloux qui offre assez d’espace pour les moutons, qui ont besoin d’au moins 20 ares.
Sheep Solution est une start-up et n’a donc pas encore une très longue histoire, mais les deux femmes à l’origine de cette entreprise écologique ont déjà tissé plus d’un beau récit. C’est ainsi qu’en 2019, Amélie Jacques (juriste) et sa partenaire d’affaires Céline Ernst (bioingénieure) ont décidé de totalement réorienter leur carrière. Amélie : « J’avais depuis longtemps l’envie de lancer ma propre entreprise, et quand j’ai vu un reportage sur l’éco-pâturage, j’ai su que c’était pour moi. Travailler à l’extérieur plutôt que derrière un bureau, et rencontrer des gens de tous les horizons, ça me semblait incroyable. Et quelques années plus tard, je peux confirmer : c’est vraiment incroyable. Nous avons rencontré des éleveurs de moutons, des personnes qui font la même chose que nous, mais en France (en Belgique, il y a peu d’initiatives comme la nôtre). Et en un rien de temps, nous avons eu notre premier client. »
LCL donne le ton en investissant dans une alternative écologique aux tondeuses qui favorise en plus la biodiversité. « D’autres entreprises restent souvent frileuses. Nous avons donc encore un fameux travail de persuasion à effectuer. »
Amélie Jacques — Cofondatrice de Sheep Solution
Amélie et Céline ne se contentent pas d’amener davantage de durabilité à leurs clients, elles cherchent aussi en permanence comment elles-mêmes peuvent limiter au maximum leur empreinte écologique. « Nous faisons partie d’Écopreneurs, un réseau d’entrepreneurs qui veulent travailler le plus durablement possible. Pour nous, c’est une évidence de limiter au maximum nos déplacements en définissant les itinéraires de la manière la plus efficace possible, et en prenant le vélo dès qu’on peut, mais nous apprenons aussi comment faire pour nourrir les moutons de la manière la plus optimale, comment éviter les allées et venues avec du matériel grâce à de petits espaces d’entreposage répartis sur le terrain, etc. Et il va sans dire que nous achetons un maximum de produits locaux. »
Dans un monde idéal, les moutons auraient assez à manger sur leur pâturage, mais nous vivons dans un monde en plein changement. Au cours des deux dernières années, Amélie et Céline ont dû prévoir un complément pour leurs animaux. « Il faisait hyper sec, l’herbe et les plantes ne poussaient plus. Nous ressentons bel et bien le réchauffement de la planète et, honnêtement, ça nous effraie quand même. »

Frilosité
Un nombre croissant d’entreprises accordent une plus grande priorité au développement durable. « Mais elles restent très réticentes au moment de franchir le pas vers Sheep Solution. On peut parler de frilosité. Il y a évidemment de nombreuses entreprises qui ne disposent simplement pas d’un espace de pâturage inutilisé. Et quand elles en ont un, elles privilégient encore souvent les tondeuses pour couper le gazon aussi ras qu’un green de golf. Elles pensent que c’est bon pour leur image professionnelle, et elles craignent aussi les odeurs ou les bêlements. Nous avons donc encore un fameux travail de persuasion à effectuer. »
La centaine de moutons d’Amélie et Céline paissent actuellement sur les terrains et champs d’une dizaine d’entreprises et institutions : LCL bien sûr, mais aussi un hôpital, une maison de repos, la Ville de Gembloux, une entreprise de recyclage… « Que ce soit à l’hôpital ou à la maison de repos, c’est beau de voir que la présence des moutons encourage les gens à sortir plus souvent. Ainsi, les animaux ne contribuent pas seulement à la biodiversité, ils favorisent également la santé et le bien-être des personnes âgées et des patients. D’ailleurs, je sais que certains glissent tous les jours en douce un petit quelque chose à grignoter aux moutons, alors qu’ils savent qu’ils ne devraient pas le faire. (Rires) »
« Nous ressentons bel et bien le réchauffement de la planète et, honnêtement, ça nous effraie quand même. »
Amélie Jacques — Cofondatrice de Sheep Solution